Au sein de son campus à La Défense, l’école de commerce Skema développe le K Centrer, un nouveau lieu d’apprentissage avec l’aide de Steelcase, spécialiste des aménagements d’espaces de travail. Grâce au numérique, la pédagogie par projet et la formation collaborative prennent tout leur sens.

 Sur son campus parisien de la Défense, Skema teste l’école du futur. Déployé sur 500 m2, son K Center, pour « knowledge center », est un véritable laboratoire pédagogique. Espaces connectés, salles modulables, open space… Même les classes sont ouvertes et chacun peut s’y arrêter. « Il n’y a que pour les cours à distance que nous fermons les portes », indique Sophie Gay, directrice adjointe du programme Grande Ecole de la business school. Le projet a été lancé en 2015 en partenariat avec Steelcase. Récemment, une étude de ce spécialiste de l’aménagement d’espaces de travail a montré que la plupart des salles de cours agissent comme un obstacle à l’apprentissage collaboratif. Il faut repenser les lieux de formation. « Les enseignants utilisent de moins en moins les cours magistraux et de plus en plus les discussions, analyse Sandrine Cardinale, directrice du développement de Steelcase Education. Maintenant les étudiants peuvent visionner chez eux des vidéos et venir ensuite en classe pour résoudre des problèmes ensemble, partager des idées, et ceci en utilisant de plus en plus les nouvelles technologies. »

Espace modulable à volonté

C’est l’avènement de la classe inversée interactive et vivante. La salle traditionnelle, avec des chaises et tables fixes disposées en rang d’oignon, n’est plus adaptée. « L’objectif des entreprises est de casser les silos et de générer la transversalité tout en respectant le bien-être des collaborateurs, indique Dominique Houdayer, qui dirige le campus parisien, c’est exactement ce que nous faisons ». Et vive le coworking! Ici, il n’y a pas que les chaises et les tables qui sont mobiles, chaque espace a été conçu pour être flexible avec des vocations pédagogiques diverses. Le hall d’accueil est ainsi équipé d’un matériel sophistiqué afin d’organiser des visio-conférences avec les autres campus de Skema à Suzhou en Chine, Raleigh aux Etats-Unis et Belo Horizonte au Brésil. « Nous avons pu ainsi, à la rentrée, réunir plus de 1.600 étudiants de master 1, sur deux fuseaux horaires », explique la directrice. A côté de cette agora, un espace collaboratif ultra-modulable propose des chaises et tables à roulettes que les étudiants baladent selon leur projet. Bien sûr, le Wi-Fi est disponible partout.

Travail collaboratif favorisé

Pour favoriser l’émergence d’idées, l’espace créatif est équipé de Fatboy, ces grands poufs multicolores sur lesquels les étudiants aiment s’affaler avec leur ordinateur posé sur le ventre. Toutes les stations sont possibles, de la plus relaxante, allongé donc, à « semi-debout », moins confortable mais stimulante. Quant à l’espace collaboratif, il est équipé de tables hautes que les élèves peuvent réunir selon leur groupe de travail, se connecter entre eux, pour partager leur projet sur un écran commun, et parfois même à distance avec d’autres étudiants. « Quand ils souhaitent échanger de vive voix, ils se connectent sur Skype », explique Sophie Gay. Bien sûr, tous les cours sont en anglais.

A l’étage supérieur, il est aussi possible de suivre des cours à distance grâce aux caméras dont les salles sont équipées. Certaines images servent d’ailleurs à produire des MOOCs, ces cours en ligne ouvert à tous. Elles sont reconditionnées sous forme de « capsules » vidéos de 5 à 10 minutes auxquelles on peut joindre la partie théorique ou des documents afin d’enrichir l’expérience globale de l’étudiant, détaille Sophie Gay. L’investissement total en matériel se chiffre à 500.000 euros.

Partage des compétences encouragé

Le K Center de Skema n’est pas qu’un espace pédagogique. Il est aussi ouvert aux associations et aux entreprises. « On reproche souvent à l’enseignement d’être en décalage entre ce qui est enseigné et les techniques utilisées, souligne Dominique Houdayer. Ce n’est pas le cas ici, où l’on prône le partage de compétence. » Début septembre, par exemple, le serial-entrepreneur Gilles Babinet est venu donner une conférence sur le big data, suivie par des étudiants des campus de Lille et Sophia-Antipolis. Il lançait ainsi un séminaire de 4 jours sur la révolution digitale organisé par Skema à l’issue duquel les élèves devaient développer une initiative ou une appli. La révolution numérique est bien rentrée à l’école.

Source : http://www.challenges.fr/immobilier/bureaux-de-reve/ces-bureaux-de-reve-episode-7-skema-repense-l-ecole-grace-au-numerique_437404?xtor=RSS-25